Triomphe du temps – Note

Triomphe du temps

Création 2005

Note

Triomphe du temps. Ce texte, l’écrivain Pascal Quignard l’a écrit, en 2003, après avoir entendu Marie Vialle répéter son fameux Nom sur le bout de la langue. Saisi par son intensité, il a composé pour elle une « sonate de contes », quatre mouvements dans lesquels la comédienne se fait chatte ou femme, fille ou mère, chanteuse ou plaignante. A ses côtés, Lam Truong offre, en silence, un contrepoint idéal.

Marie Vialle, à propos de Triomphe du Temps, de Pascal Quignard – Juillet 2006
Un corps d’homme, une femme si vieille, c’est trop grand. Ce n’est pas à ma taille. Il y a de l’air entre les étoffes, de l’air entre les âges. Il y a de la place pour respirer. Une longue plainte comme un appel. Une suite de cris. La vie par bribes. Nous sommes deux, Lam et moi, sur la scène. On cherche ensemble. On trafique.Dans nos coins on est tout entier à nos jeux, à nos danses secrètes, à nos mots, à nos tentatives, à nos petites manies, nos cailloux, notre joie. On s’approche tout doucement du vide. On avance par éclats.
C’est fait pour apaiser. Apaiser les vivants. Apaiser les morts. Apaiser les morts qui réclament au fond de tous les vivants. C’est une cérémonie joyeuse.
Je voudrais comme lancer les mots, les phrases, les contes de Pascal Quignard dans les airs, les faire tournoyer ensemble pour qu’ils résonnent bien.
Pour qu’ils fassent tout seuls des ponts dans les airs. Entre un poème, un chant et un jeu.

“Quand la voiture s’est arrêtée il avait deux ans. Cela le réveilla. Il cria.  Dicit.  
Il dit. Il dit tout bas : Ainsi comprenez-vous que celui dont je parle, c’est moi.
Il cria comme seul un enfant peut crier. 
Il faisait nuit noire. 
Alors la portière s’ouvrit. Son grand-père le prit dans ses bras.
Il se tut.

EXTRAIT